Les mots en "ing" : vocabulaire de la reproduction sélective
Les anglicismes, ça fait toujours bien. Ça donne l’impression qu’on s’y connaît, et puis, s’il n’y a pas encore de mots en français pour le dire, c’est qu’on est à la pointe, pas vrai ?
Mais savons-nous toujours bien de quoi nous parlons ?
En reproduction de rats, nous avons depuis longtemps pris l’habitude d’utiliser une terminologie anglaise pour désigner le type de mariages que nous allons réaliser : inbreeding, outcrossing… Coexistent pourtant des mots bien français : croisement, consanguinité, lignée, famille… Chacun a fini par acquérir ses usages et ses connotations propres, pas toujours cohérentes d’ailleurs, au risque de se prendre les pieds dans le tapis. Un petit voyage dans le dictionnaire à l’usage des ratouphiles, quelques réflexions et quelques propositions pour s’y retrouver dans tout ça. Je précise qu’il n’y a pas forcément consensus sur ce que je vais raconter là , je sais que d’autres sources en français ne placent pas exactement les mêmes limites que moi aux mêmes endroits. C’est donc une synthèse personnelle !
Ce n’est pas tout-à -fait pareil de décrire un mariage isolé entre deux rats, et de décrire une stratégie d’élevage. D’ailleurs, les anglais, eux, distinguent outcrossing et outbreeding. Concentrons-nous pour commencer sur le cas du mariage isolé.
En français, nous utilisons souvent le mot « croisement » pour désigner une reproduction entre deux rats. Par défaut, nous sous-entendons qu’il s’agit d’un mariage non consanguin (mariage entre individus non apparentés, ne possédant aucun ancêtre en commun). Dans le cas contraire, nous écrivons parfois « croisement consanguin ». Pour un puriste, c’est déjà un non-sens : dans certains milieux spécialisés, on réserve le mot croisement à un accouplement obligatoirement non consanguin entre deux individus qui, eux, appartiennent chacun à une entité distincte (suivant les cas : une espèce, une race, une souche… mots qui eux-mêmes mériteraient une définition, mais on y reviendra). Dans cette acception, il n’existe pas de « croisement consanguin » (d’ailleurs, je parie que vous n’avez pas souvent rencontré le mot anglais incrossing !). Il me semble un peu difficile de plaider pour le renoncement au mot « croisement », qui est bien installé, mais « mariage », « portée » ou « accouplement » semblerait toutefois plus indiqué.
Et si le mariage est consanguin ? Les anglophones parleront d’une inbred litter (portée consanguine) et donneront le taux de consanguinité ou le type de mariage (frère-soeur, père-fils, oncle-nièce etc.) pour préciser si c’est une portée de consanguinité proche ou éloignée. Inbreeding est la traduction exacte du mot « consanguinité », qualitativement parlant, et peut tout-à -fait ne pas contenir de notion de quantité (elle le peut, et elle le fera très bientôt, mais elle peut aussi ne pas). Il n’y a pas forcément de connotation sur la valeur du taux, même si on commence à trouver dans ce contexte la notion de linebreeding, qui pourtant n’a surtout de sens qu’à plus grande échelle…