de Artefact » Sam 4 Juin 2016 13:53
Bon, vous avez skype et deux heures devant vous ? xD (En vrai, moi non donc je vais essayer de faire bref).
Le problème des animaux de race est en fait un problème de consanguinité cachée. (Et de génétique des populations, et tout un tas de subtilités qui dévient de notre gentille génétique mendélienne du dimanche.)
Si le problème était l'allèle dumbo en soi et tout seul (pléiotropisme du gène qui causerait à la fois le phénotype dumbo et un problème de santé, par exemple), tous les homozygotes auraient les problèmes de santé associés, ou en tous cas une grande partie d'entre eux. On peut donc supposer qu'il y a d'autres gènes en jeu lorsque la sous-population exprimant un certain caractère se retrouvent plus à risque d'un problème de santé que le reste de la population.
Or our simplifier à l'extrême, deux dumbos ont plus de chances d'être consanguins (même lointainement et sans qu'on le sache) que deux standards : en supposant que l'allèle dumbo est apparu par mutation spontanée à un seul endroit, tous les dumbos descendent de ce "dumbo zéro". A chaque fois qu'on croise deux dumbos, on renforce cette consanguinité. Or la consanguinité augmente les chances qu'on soit homozygote pour chaque gène, pas seulement le dumbo mais des tas d'autres au passage, qui eux peuvent amener des maladies et des problèmes de santé. Même en supposant qu'il n'y a pas de crossing over, de mutations spontanées etc. pour simplifier quand on choisit de reproduire deux dumbos ensemble on fabrique une descendance homozygote pour le dumbo mais aussi homozygote pour tous les autres gènes du chromosome qui supporte le dumbo. Donc pour d'autres gènes qui eux, peuvent être moins bons. A l'inverse si on croise un dumbo avec un standard, on brasse un peu plus les gènes et on éloigne l'ancêtre commun, et lorsqu'on va recroiser le porteur dumbo avec un autre porteur dumbo, on aura brassé deux coups de plus, donc éloigné l'ancêtre commun, donc abaissé le taux de consanguinité, donc diminué les risques de rendre homozygote des allèles délétères sans le faire exprès.
Le souci du surtypage chez les chats et les chiens par exemple vient en grande partie du fait que les livres des origines sont clos (pour inscrire un animal dans son livre de race il faut que son lignage soit dans le livre, en gros) avec de gros effets fondateurs, des effets "étalon champion" qui a reproduit 25 fois... Donc oui quand on reproduit deux animaux très typés ils sont déjà souvent consanguins et on renforce encore cette consanguinité. Chez le rat on a moins ce souci puisqu'on n'a pas de races et pas de livre des origines clos, et qu'on reproduit pas autant de fois le même rat. Il y a plus de brassage. Tout dépend ensuite de l'ancienneté de la mutation, du brassage qu'il y a eu lieu depuis son apparition, de la qualité de la sélection pratiquée. Le dumbo est une mutation ancienne qui a traversé beaucoup de générations, s'est répandu largement, a été brassé dans tous les sens, les "fondateurs" dumbo sont très très loin. Du coup le chromosome ne ressemble plus tant que ça à celui d'origine, il y a eu des crossing over, des mutations spontanées, peut-être plusieurs "dumbo zéro" apparus à différents endroits indépendamment... donc on peut avoir des homozygotes dumbo sans rendre homozygote tous les gènes qui sont à côté. Donc je ne pense pas qu'il y ait un énorme risque de ce point de vue. Par contre on voit bien que sur des mutations récentes, développées à partir d'un petit nombre d'individus, l'effet se voit bien : voir les satins cardiaques par exemple, ce n'est pas le gène satin qui cause des problèmes de coeur, mais d'autres allèles co-sélectionnés au passage.
Ce n'est pas du point de vue du gène dumbo que croiser des dumbos entre eux "fait descendre les oreilles", l'allèle lui n'a pas changé, ce sont les gènes autour. (Et éventuellement le fait qu'on ait choisi de reproduire plutôt ceux qui avaient les oreilles les plus basses - sans savoir d'ailleurs si c'est un polymorphisme d'un seul gène avec plus de 2 allèles, ou un déterminisme polygénique).
C'est une petite partie du problème bien sûr, il peut y avoir aussi une relation directe entre le phénotype et le problème de santé, pour des raisons à diverses échelles et même purement mécaniques (comme le ronflement des chiens au nez écrasé), mais grosso modo je pense que c'est une des causes profondes de ce que tu as lu ou entendu à ce sujet.
(Je sais pas si je suis très claire, mais c'est pas facile de faire court...)