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[size=150]Bonjour et bienvenue sur le forum des Ratouphiles Associés. |
Modérateurs: Animateur ARA, Animateur ERA
Les comportements d’un rat face à des nouveaux-nés dont il n’est pas le parent vont de
l’indifférence totale (assez fréquente) à l’infanticide (plutôt rare) en passant par le maternage
(le rat s’occupe des bébés comme s’ils étaient les siens) et le vol de petits (plus souvent
observé lorsque deux mères allaitantes sont dans la même cage, chacune cherchant à ramener
les petits de l’autre dans son propre nid). Au laboratoire, ces comportements dépendent
de la souche : chez les rats Sprague-Dawley, 92% femelles montrent un fort comportement
maternel avec des petits étrangers (soit spontanément, soit au bout de quelques jours de promiscuité
avec eux), et seulement 4% des mâles cherchent à tuer les petits dont ils ne sont pas
le père ; à l’inverse, chez le rat Wistar, seules 10% des femelles ne se désintéressent pas des
bébés qui ne sont pas les leurs, et l’infanticide grimpe à 76% [Jakubowski et Terkel, 1985].
Il s’agit ici de rats « étrangers » : la situation est moins risquée si les rats se connaissent bien
(vie de groupe antérieure). Les mâles castrés n’ont en général pas de comportement agressif,
et les femelles qui ont déjà eu au moins une portée sont d’autant plus maternelles avec les
petits. Le risque d’infanticide est encore réduit si la compagne appartient à la même famille
que la jeune maman (soeurs, mère et fille). Dans le cas de deux mères placées ensemble, il
existe un risque réel de dommages aux petits car les femelles ont tendance à vouloir voler et
ramener dans leur propre nid les petits de la colocataire : elle ne les blesseront pas volontairement,
mais peuvent abîmer la fragile peau des petits en attrapant la peau de leur cou entre
leurs dents pour les transporter [Ducommun, 2013]. Elles peuvent cependant s’entendre et
même, plus exceptionnellement, faire nid commun ou se relayer pour l’allaitement.
(...)
Si vous avez plusieurs portées en parallèle, la réunion des mères et des portées dans
une unique cage d’éveil assez grande pour tout le monde est également une solution possible.
Les mères allaitantes auront généralement de bonnes réactions face à des petits du
même âge que les leurs, et les rates réunies pourront se relayer et mutualiser les soins
aux petits, permettant à chacune de prendre davantage de temps de repos. Le « maternage
commun 48 » (plusieurs mères allaitant et élevant l’ensemble de leurs petits, éventuellement
dans un unique nid où elles se relaient) existe au laboratoire, mais plus souvent entre rates
proches (soeurs ou soeurs de lait, mère et fille, tante et nièce notamment) tandis que le
risque d’infanticide ou d’accaparation des petits par une seule rate est majoré lorsque les
rates n’ont pas toujours vécu ensemble et a fortiori ne se connaissent pas [Schultz et Lore,
1993]. Il semblerait également que les mères se comportent d’autant mieux face à des petits
étrangers que ces derniers sont d’âge proche de leur propre progéniture. Par ailleurs, la composition
du lait évoluant avec l’âge et les besoins des ratons, un décalage d’âge important
peut amener les ratons à téter un lait moins bien adapté que celui de leur mère, et les plus
jeunes pourraient risquer de pâtir d’une compétition pour les mamelles qui n’est pas à leur
avantage face à des congénères déjà plus grands et habiles. Jusqu’à un maximum de 4 jours
d’écart, le maternage communautaire semble présenter très peu de risques, et des bénéfices
certains pour les mères et leurs petits ; en revanche, à partir de 2 semaines d’écart les risques
sont très élevés, avec un fort taux de mortalité au sein de la portée la plus jeune [Mennella
et al., 1990]. Bien qu’il ne s’agisse pas de données collectées sur des rates domestiques, je
pense qu’on peut en déduire une recommandation de prudence : ne réunir deux portées que
si les rates se connaissent très bien et si les portées ne sont décalées que de quelques jours.
48. Le vocabulaire anglais consacré distingue précisement le « communal nesting » : un nid commun, « communal
nursing » : les mères allaitent d’autres petits que les leurs, et « communal rearing » : l’éducation et les soins des
petits au sens plus large (toilette, apprentissages). J’ai choisi de les regrouper sous un terme générique qui désigne
l’ensemble des soins maternels, au nid ou en dehors, et « maternage » m’est apparu comme la bonne traduction.
Tani a écrit:C'est une bonne question !
Je risque d'ailleurs d'y être confrontée car je ne devrais avoir que 2 femelles lors de ma première portée et 2 sœurs. Il faudra donc que je sois attentive aux conséquences d'une séparation entre 2 sœurs qui ont toujours vécu ensemble...
Bien sûr, je ne les mettrai pas ensemble trop tôt ou encore sans l'avis de mes partenaires à cause des risques qu'il y a.
D'ailleurs, peut-être que les Anglais se posent moins de questions et séparent moins les mères de ses copines...
Faudrait savoir si c'est dans leurs pratiques, comment ça se passe et si les bénéfices sont importants...
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