Un nouveau week-end, un nouvel article inspiré de SBM (source ici :
https://www.sciencebasedmedicine.org/in ... t-fasting/).
Si les effets positifs sur la santé de la restriction alimentaire menée correctement sont maintenant bien connus des ratouphiles (
http://www.tartaucitron.fr/infos-sur-le ... longevite/), ceux du jeûne intermittent font un peu peur. Les conseils donnés vont souvent dans le sens de ne pas laisser les rats le ventre vide, même pour des opérations...
Pourtant l'article d'Ancalime parle déjà de jeûne, et une floppee de papiers de revue sont sortis récemment, discutant des études animales (souris et rats) et humaines.
Je vais traduire/résumer/commenter cet article de revue (
http://m.pnas.org/content/111/47/16647.full). Mais si vous le pouvez allez lire toute la bête, c'est clair, et il y a des liens vers énormément d'études. Il fait une comparaison entre les effets physiologiques et de santé de la restriction calorique (CR) de 20-40% sans changer le rythme des repas, la restriction calorique intermittente (IER) où l'apport calorique est très reduit (à 1/4 ou 1/5) ou nulle par exemple deux jours par semaine, et la restriction de l'alimentation à une fenêtre de 4-6h dans la journée (TRF).
La possibilité d'un apport calorique à n'importe quel moment (que ce soit pour nous ou les rats) est un phénomène récent.
Il apparaît des études que non seulement la quantité, mais également le timing de l'alimentation sont très importants, pour le TRF, et on peut par exemple contrôler la prise de poids de souris génétiquement ou alimentairement obèses en diminuant la disponibilité de l'alimentation riche en matières grasses pour mieux la faire correspondre au rythmes circadiens de l'espèce (moins dispo la nuit). Juste l'extension de l'éclairage peut produire des problèmes métaboliques, et il y a des associations fortes entre travail de nuit et de nombreux problèmes de santé. Sans changer l'alimentation, il est donc possible d'agir juste en contrôlant son timing. L'article décrit les mécanismes possibles d'action pour le TRF, qui passent par des transcrits dépendant des rythmes circadiens à differents niveaux. L'exploitation de ces processus dans l'alimentation de nos ratous est relativement simple, et ne suppose pas de restrictions le reste du temps.
L'IER est une intervention plus lourde, mais peut apparemment reverser plusieurs processus liés à differentes maladies chez rats et souris au moins : cancers, maladies cardio-vasculaires, diabètes, et désordres neurodégénératifs (les tests sont souvent réalisés en "alternate day fasting" les animaux sont nourris tous les deux jours). Pour paraphraser l'article, les effets de l'IER seraient à ranger dans les phénomènes biologiques d'hormesis : les organismes et cellules exposés à des stress modérés résultent en des réponses adaptatives qui protègent contre des stress plus importants. Il y a des effets sur la bioenergetique aussi, en particulier au niveau de la sensibilité à l'insuline (l'IER est plus efficace que la restriction équivalente, chez souris et humains), et la bioenergetique du cerveau, dont la biogenèse des mitochondries qui sont indispensables dans le développement des neurones et le maintien des synapses. Étrangement, ces avantages bioenergetiques ne sont pas présents pour les tumeurs, et les régimes IER ont des effets negatifs sur les tumeurs (donc positifs pour l'organisme), allant de l'inhibition à la diminution.
Les études s'accordent sur cette influence sur plusieurs types de tumeurs : neuroblastomes, tumeurs uterines et mammaires. Le problème étant ici de faire jeûner (un jour sur deux ? À vérifier) des animaux affaiblis.
IER (et CR dans certains cas) ont un effet de réduction de l'inflammation. Un effet positif a été montré pour l'arthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, le lupus, et le diabète de type 1 dans les études animales, et suggère des effets chez les humains, et dans un modèle d'AVC souris l'IER était associé à de meilleurs outcomes fonctionnels. Les cancers qui profitent de l'inflammation sont bien entendu également impactés Par contre, on ne sait pas bien encore comment la réponse aux pathogènes, qui nécessite de l'inflammation, est influencée.
Un influx constant de nutriments diminue l'autophagie (l'élimination des cellules). L'IER encourage le nettoyage (qui se fait en général sur les cellules anormales ou abîmées), ce qui dans plusieurs maladies a des effets directs sur la santé. L'autophagie est également sous le contrôle circadien, et peut également être changé par TRF.
Il reste cependant beaucoup à élucider. Il apparaît par exemple que toutes les souches ne répondent pas de la même manière, et en particulier l'inbreeding intervient (
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2221 ... m=22210149), ces souches réagissant moins.
L'IER est une piste intéressante, mais impliquerait de nourrir tous les deux jours ou du moins en sautant 24/48h régulièrement sur le long terme, le court terme montrant peu ou pas d'effets.